jeudi 17 juin 2010

Sabetsu : femmes libérées ?... c'est en cours



Ci-dessous une écolière dans l'emblématique uniforme, le « sailor fuku » qui fut introduit en 1921 par la Principale de l'Université Fukuoka Jo Gakuin, une anglaise inspirée par la Royal Navy.
A droite cela pourrait être la même jeune fille quelques heures plus tard, s’affichant dans des tenues provocatrices et hyper-décadentes, dans le quartier Harakuju de Tokyo, sur le pont entre la station de métro et l’entrée du parc Yoyogi.

De l’uniforme à la goth lolita
Pendant près d’un millénaire, les japonais ont été astreints à des codes vestimentaires très stricts, selon leur classe sociale et leur métier. Sous la période des shogunats, le jour du changement de vêtements d’hiver/été était dicté sur ordonnance. Un japonais devait en tout point : vêtement, couleur et longueur des cheveux, accessoires, se confondre avec la masse : tout signe distinctif, même celui d’être trop grand, était suspect et la personne subissait des discriminations, ou pire encore, il se faisait raccourcir !
Il fallut attendre l’occupation de 1945 et l’envahissement par toute une cohorte d’occidentaux de tous poils, couleurs et (mauvaises) manières pour que le Japon sorte de ce syndrome du clonage. Cela n’étonnera personne, ce furent les femmes qui, les premières et avec une rapidité fulgurante, adoptèrent de nouveaux styles vestimentaires ; néanmoins les discriminations, notamment envers les jeunes subsistèrent très longtemps. Ce n’est que dans les années 90 que l’on vit surgir une nouvelle génération d’adolescents en rupture, compulsive, pourrait-on dire, avec cette monotonie. Sous inspiration Manga, sweet lolita, goth lolita, aristocrat lolita, metal, punk, industrial…, les styles vestimentaires les plus extravagants et provocateurs, assortis (enfin, façon de parler) à des cheveux oranges et des yeux bleus, (-ou est-ce l’inverse ?), et des accessoires dignes d’un arsenal sado-maso, côtoient les plus stricts uniformes scolaires - jupette plissée écossais et socquettes blanches.

Lolita, fantasme érotique
Mais curieusement, c’est l’écolière en uniforme qui fait des ravages, et attise tout un courant de fantasmes érotiques, appelé « rorikon » et sa contrepartie de produits marketing : Mangas, Anime, Hantaï, films et sites internet. La jeune fille est une idole « moe », symbole de la féminité, de la jeunesse et de l'innocence à qui l’on rêve de faire subir les pires sévisses ! A Tokyo, les médias racontent que de collégiennes de 15 ans fixent des rendez-vous par SMS à de vieux messieurs pour leur vendre leur culotte… Les téléphones clubs, dont on trouve les numéros sur les paquets de mouchoirs distribués dans la rue ont donné naissance à « l’enjokosai », litt. le « soutien financier à la sociabilité », rien d’autre qu’une variante sémantique et onéreuse du « plus vieux métier du monde ».

« Fleur du bureau »
Reléguées depuis des siècles à l’état de travailleuses, porteuses d’enfant quasi-esclaves, c’est pendant la période 1945-52 d’occupation, après la défaite de la dernière guerre, que les femmes ont pu changer leur statut : elles jouèrent un rôle social déterminant pendant d’Occupation, au point que l’on s’accorde à dire que, sans elles, c’eût été un désastre. Néanmoins aujourd’hui, dans beaucoup d’entreprises, le statut de la femme est encore loin du compte. Les jeunes et jolies employées, nommées jimusho no hana (litt. fleur du bureau) sont considérées comme des accessoires de décoration, fragiles, « provisoires », et corvéables… quand elles vieillissent, elles perdent tout leur charme et il est temps de les remplacer...


Dokushin, addicted à la mode
Pendant les périodes des shogunats, certaines grandes familles de commerçants amassèrent des fortunes considérables. Leur descendance vit encore aujourd’hui de cette rente, et est constituée d’une classe de « dandys », appelés Dokushin kizoku, (bachelor aristocrats) qui ne sont pas mariés et vivent encore à la maison. Les jeunes femmes de cette caste, en particulier, passent leur temps à dépenser de l’argent en shopping, voyages… sachant très bien que ces privilèges leur seront retirés dès qu’elles seront mariées. Les grandes marques aujourd’hui connaissent et soignent particulièrement ce segment de clientèle, qui représente plusieurs millions de femmes complètement addicted aux dernières tendances de la mode. Cela dit, il y a des chances pour que cette niche marketing ait été fortement affectée par la crise de 2009.

Mots-clés : Visual Kei
Le Visual Kei (ヴィジュアル系, vijuaru kei) est un genre particulier et underground du rock japonais (J-rock), apparu dans les années 1980, où l'esthétique visuelle des groupes et le concept qu'ils exploitent sont aussi importants que la musique.
Après X Japan, le fondateur, le groupe ∀NTI FEMINISM (ci-contre) est probablement le plus emblématique du genre. Le visuel du groupe passe de vestes pleines de badges dans le plus pur style punk à un style plus typé visual.
Mais la raison qui fait d'eux les préférés d'un certain nombre de fans (12-25 ans) est leur attitude : parfois sur scène, le chanteur met le feu à son bras tout en continuant à chanter. Ou alors un des musiciens saute sur une table déjà à moitié brûlée pour l'achever… des concerts en général assez « agités », on le devine.

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